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Episode VIII
Fin de l'épisode VII "Je m'installe le plus confortablement possible en essayant de me protéger du vent le mieux possible et je me lance dans une nouvelle nuit que j'espère récupératrice" Malheureusement cette nuit là sera tout sauf calme. Le vent encore et encore mais cette fois les tentes n'y résisteront pas. Malgré plusieurs tentatives pour limiter la prise au vent, elle finira par nous tomber sur la tête pendant la nuit. Que faire ? Rien ! Au moins quand elle est étalée sur nous, on est protégé du vent, alors je ne bouge pas de mon sac de couchage et je fini ma nuit comme ça... Comme les autres chevaliers trailer. Vendredi 10 avril 2015, calendrier local - 05h00 GMT Finalement le réveil se fera de la même façon que les autres jours. Tranquille, reposé, on remet la tente un peu plus verticale, et on reprend les activités matinales. Petit déjeuner, préparation du sac qui est maintenant vraiment léger, récupération de l'eau... la routine quoi ! Aujourd'hui ce n'est pas n'importe quelle étape, c'est l'étape marathon. Ca parait simple un marathon, mais il ne faut pas oublier que juste derrière l'étape longue, cette étape sera la seconde plus longue de la course. Par contre par habitude c'est généralement une étape dite "roulante" Seconde particularité, c'est que cette étape marquera la fin de la course officielle, la 6ème étape étant désormais une sorte de ni-ni. Un No man's land avec une étape chronométrée mais non prise en compte dans le classement ! On en reparlera demain. Il y aura aujourd'hui 3 CP à valider avant d'aller sur l'arrivée, et cette année, le départ se fera, comme pour la longue, en 2 vagues. D'abord le gros du peloton (qui a dit que j'étais gros ?), puis les 200 premiers au classement général qui partiront 1h30 derrière nous.
Comme notre départ est prévu à 7h00 (mais qu'il ne sera pas respecté comme chaque matin), cela nous oblige à ne pas trop trainer. Une fois le protocole habituel déroulé, je vais vers l'arche de départ... Pour le moment tout va bien, même si je me sens bizarre. Pas de blessure, pas d'ennui, les pieds pratiquement nickel, juste l'impression de ne pas être dedans ! A force de répéter qu'une fois la longue passée c'est gagné, j'ai l'impression de me relâcher. Bon quoi qu'il en soit, et même si je n'ai aucun doute sur ma capacité à finir l'étape, il n'en reste pas moins qu'il y a encore quelques heures de course quand même. ...AC/DC, Highway to Hell, airspeeder à hélices..Vous connaissez la musique...
Départ très roulant, sol dur, bref, ce qu'il faut pour étaler le peloton. Un peu de sable, un oued, mais rien de bien méchant. Après quelques centaines de mètres, aucune trace de maître Bert'. Oui maintenant je crois qu'on peut aussi l'appeler maître Bert'. Comme je ne sais pas s'il est devant ou derrière, je décide de continuer à mon allure. Au bout d'une petite demi-heure, je retrouve la casquette rouge avec la saharienne ... Yallah ! Cool on va pouvoir faire notre premier CP ensemble comme au bon vieux temps (qui date de 2 jours !). Nous voilà parti ensemble à l'assaut de cette dernière bataille.
Bert a mal aux pieds. L'allure est différente des jours précédents, mais on s'en fout. La seule chose qui compte c'est d'avancer, rien d'autre !
CP1 - 12,5 km - 9h45 GMT - 2h20 de course On est finalement exactement dans les mêmes temps que les jours précédent, mais on ne le sait pas (je n'ai pas de chrono). Passage au P, récupération de l'eau, ravitaillement rapide, et comme la veille, passage à la tente des docs pour récupérer un peu de vaseline. L'avantage c'est que maintenant ils me reconnaissent ;-) C'est reparti. Les terrains changent assez peu. Sable, sol dur, oued, cailloux. Soit c'est toujours la même chose, soit on commence à s'habituer (ce qui n'est pas impossible.)
Quoi qu'il en soit les kilomètres défilent doucement, quelques dunes venant s'intégrer dans notre progression.
L'allure a à peine baissée et pourtant on n'arrête pas de se faire doubler ! Protocole classique. On est à moins de 20 km de la ligne d'arrivée, alors on décide d'en profiter. Eau, une barre de céréale, passage chez les docs et hop c'est reparti. Cette fois on se remet en route ensemble avec Bert'. Pas question de se lâcher.
Terrain rocailleux, lit d'oued, petites buttes de terre faisant comme des sortes de vagues solides où j'ai failli exploser un de mes bâtons. Heureusement qu'ils sont souples les Xenon... parce que sinon, je finissais sur une seule patte CP3 - 33,7 km - 14h17 GMT - 6h52 de course Bipppppp fait le tapis lorsqu'on passe dessus. A ce moment-là on percute sur le fait qu'il s'agit du tout dernier CP. Dans mois de 9 km ce sera terminé. Fin de la course et pratiquement de l'aventure. Ca fait tout drôle d'avoir passé autant de temps à préparer cette épreuve et de se retrouver maintenant aux portes de l'arrivée ! Dernier protocole express. Il ne me reste qu'un peu de viande séchée, et c'est très bien comme ça. Un peu d'eau claire (je n'ai plus de poudre à y mettre) et ça va le faire, forcément !
Les 3 ou 4 premiers kilomètres ne sont pas trop méchants. Un peu de terre séchée, lit d'oued, mais ca passe.
On commence à "sentir" l'arrivée. On pense bien sûr à la remise de la médaille et à la bise de Patrick, une vraie tradition ici. Il accueille personnellement tous les finisher. Le plateau final n'en finit pas. On n'en voit pas le bout et l'arche est placée de telle façon qu'elle met du temps à se découvrir. On la voit enfin. On se rapproche pas à pas en ayant l'impression qu'elle recule, mais on s'en fout, on sait que quoi qu'il arrive on la rattrapera ! 500m avant la ligne. C'est tout bon. Même si un des deux se casse la jambe, l'autre le portera !
100m On se rapproche avec Bert' et on se prend par l'épaule
Arrivée km 42,2 - 16h02 GMT - 8h37 de course On se prend dans les bras avec Bert. Je crois qu'on est aussi heureux l'un que l'autre. On s'approche de la remise des médailles, et là surprise, pas de Patrick Bauer... Une gentille bénévole nous remet la médaille autour du cou nous dit un petit bravo et... plus rien. C'est tout, c'est fini... Heu elles sont où les trompettes, la joie hurlante, la fête; les cris... Grand blanc ! Il en faudra plus que ça pour entamer notre moral, mais c'est vrai que ça me fait un peu penser aux arrivées à la "Gestin" quand après un non stop tu te retrouve tout seul à l'arrivée... On est pas là pour les honneurs, mais quand même... On apprécie un peu d'affection dans ces moments là! [Mode des TOP et des FLOP ON] FLOP : L'absence de Patrick. Et personne pour le remplacer. Les mauvaises langues diront qu'il était plus important d'aller choyer les sponsors que d'accueillir les concurrents... Quoi qu'il en soit, c'est une page supplémentaire de l'histoire du MDS qui se tourne. [Mode des TOP et des FLOP OFF]
Passage à la photo officielle qu'on double avec une photo à nous... Excellente idée Maître Bert' surtout quand on découvrira le prix des photos!
A la tente je garde mes bonnes habitudes. Vidage du sac, séchage, collation d'arrivée avec eau gazeuse, crème caramel et crakers, puis toilette. Passage par la case email, et à mon retour toute la tente est rentrée. Les 5 chevaliers Bled Runners de la 71 sont là. On n'en a pas perdu d'autres aujourd'hui. Dans la tente de Ela et Bert', ils sont au complet. Les 8 seront finisher. Et même si pascalou a les pieds dans un drôle d'état, Il aura emporté Ratatouille sur la ligne d'arrivée. Une fois encore, on est partagé entre le plaisir d'avoir réussi et le fait que ce soit pratiquement terminé. L'étape de demain sera chronométrée mais non comptée dans le classement officiel. Encore une bizarrerie de l'organisation (il faudra expliquer l'intérêt de la chose qui va provoquer un double classement !) [Mode des TOP et des FLOP ON] FLOP : Mais bons sang qu'est-ce qu'on a à faire de ce double classement. Soit la dernière étape n'est pas comptabilisée et on l'annonce clairement soit elle fait partie de la course à part entière. Est-il impossible d'envisager avoir une étape "solidarité" chronométrée officiellement ? [Mode des TOP et des FLOP OFF] Pour le moment l'heure est à refaire la course, et à se protéger du vent toujours présent même s'il est moins violent que la veille. Par contre j'ai l'impression qu'il fait plus froid. Ou alors c'est la fatigue et le relâchement d'après course. Beaucoup de monde a proximité du bivouac puisque les invités sont arrivés. Il s'agit des familles ou des sponsors qui viennent accompagner certains coureurs pour l'étape solidarité de demain. Même s'ils n'ont théoriquement pas accès au bivouac (on est en autonomie jusqu'au demain matin), il y en a qui circulent quand même; et là on a la drôle de surprise de voir arriver notre ami William. Il s'est fait transporter jusqu'ici depuis Ouarzazate juste pour venir nous voir et retrouver sa fille demain. Ca fait plaisir de le revoir et d'avoir quelques nouvelles du reste de l'équipe. Il nous raconte un peu les conditions dans lesquelles ils ont vécu leur retour sur Ouarzazate après leur abandon... Juste édifiant ! [Mode des TOP et des FLOP ON] GROS FLOP : Si je ne devais en garder un ce serait celui là. C'est de loin le point le plus indigne de la part de l'organisation. Pourquoi ce besoin d'humilier les personnes qui pour certaines vivent déjà mal leur abandon ? [Mode des TOP et des FLOP OFF] On en reparlera dans le bilan d'après course. Pour le moment revenons à notre dernière nuit dans le désert. J'attaque mon dernier diner Lyo. Noix de cajou, Pates bolognese, parmesan, compote poire-pomme et un petit café. La soirée prévue est un peu particulière ce soir. Des musiciens de l’Opéra de Paris et une cantatrice doivent venir se produire sur scène en plein désert. Tradition étonnante et surprenante avec le décalage d'image entre l'Opéra et la pauvre horde de trailers aux maillots rendus rigides par le sable et la sueur. Doit suivre ensuite la remise des prix ! Remise des prix ??? Mais il y a encore une étape demain ! Ah oui mais comme elle ne compte pas, et bien la remise se fera ce soir. Finalement, les conditions seront loin d'être idéale, et entre le vent, la fatigue, le froid qui tombe, et les 238km dans les pattes, beaucoup de participant, vont faire l'impasse et écouter le concert depuis leur tente. Le summum restera la remise des prix. Au delà du fait de récompenser l'exploit (bien réel) réalisé par les vainqueurs de chaque catégorie, la logistique d'organisation sera un peu bancale. Un invité devant remettre un prix qui n'est pas là (bon et bien on va demander à quelqu'un d'autre de venir remettre le prix en question), un autre qui n'est même pas au courant et qui arrive après la fin des opérations, ... Je ne sais pas s'il s'agit d'une lacune côté organisation ou si ce sont les intervenants qui n'étaient pas plus motivés que ça, mais c'est quand même très irrespectueux pour les coureurs qui doivent recevoir ces prix ! [Mode des TOP et des FLOP ON] FLOP : un FLOP mais pas uniquement à destination de l'organisation. Il concerne les partenaires, les annonceurs, les VIP qui devaient venir montrer un minimum de respect aux coureurs récompensés. [Mode des TOP et des FLOP OFF] Après tant de bon moment vécus en course pendant cette semaine, que de loupés... et quelle triste image de fin, alors que c'est justement là que tout doit rouler pour effacer les petits loupés des premiers jours ! Tout cela fait que je vais m'effondrer bien avant la fin de la cérémonie. Nombreux sont celles et ceux qui conserveront leur médaille autour du cou cette nuit C'est qu'il y a encore une étape demain. Même si elle ne compte pas pour le classement elle est un vecteur de communication important pour l'organisation et pour les actions de solidarité mises en place. Alors pas question de flancher !
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