|
Episode VI
Un vrai réveil automatique ce nouveau cerveau que je me suis fait greffé. Tous les jours, avant l'arrivée de Bachir, il se met en route et me réveille. Je suis encore en mode "mise en marche" avant le lever du jour. Par contre vue l'heure à laquelle on se couche, je fais des nuits bien plus longues qu'à mon habitude, donc la récupération est bien là. Le fait qu'il ne fasse pas trop chaud aide beaucoup aussi dans l'étape de récup. Je vais probablement vous étonner mais ce début de matinée va respecter mon petit protocole matinal. Réveil, Petit déjeuner, Muesli, crackers, supradyn et café, récupération de l'eau, toilette, préparation et rangement du sac. Le sac que j'ai utilisé comme coussin pour les pieds a été efficace. J'ai encore mieux dormi cette nuit, même si j'avais plutôt bien dormi les nuits précédentes aussi. Pour le reste, le physique est dans le vert. Pas la moindre douleur, ni même une courbature. Passage en revue des protections pour les pieds. Tout est OK. En fait le gros point négatif dans la tente est la décision de William de se joindre à Foued aujourd'hui pour retourner sur Ouarzazate. Il a bien tenté une étape de plus hier, mais aujourd'hui il a décidé de laisser son siège libre. De 8, nous allons donc nous retrouver à 6 chevaliers Trailers dans la tente 71 !
Une fois encore je pars à mon train. Je me suis bien sorti des deux premiers combats, alors ce n'est certainement pas le jour à changer quoi que ce soit. Un des objectifs est d'être en pleine possession de mes moyens pour la longue demain. Et une fois encore au bout de quelques centaines de mètres je retrouve le chevalier Bert' Que dire de cette étape ? Pour être totalement honnête, peu de choses. J'ai l'impression que c'était une étape de liaison mais qui est probablement celle qui me laisse le moins de souvenirs. En fait c'est normal. La première étape c'est la découverte, donc on s'en rappelle. La seconde étape, en tous cas cette année, a été grandiose avec les 3 jebels à franchir, du coup la troisième peut sembler un peu plus fade sachant qu'ensuite il reste la longue (dont on se rappelle toujours) et l'étape marathon qui correspond au passage de la ligne d'arrivée.
On démarre comme tous les jours par une portion assez roulante. Terrain, plat, sol dur et caillouteux qui permet d'étirer le peloton, puis au bout de 5-6km, on attaque une zone de dunettes... enfin de sable quoi qui va se terminer 2 km plus loin par le passage d'une passe sablonneuse avec une jolie descente à la clé.
CP1 - 14,0 km - 11h06 GMT - 2h24 de course On ne change pas un truc qui marche. Je récupère mes 2 bouteilles d'eau et je m'en remets à mon protocole de ravitaillement. Eau, bidons, barre de céréale, pastilles de sel, arrosage, mise en place des manchettes pour couvrir les bras... Bert' à pris le large et moi je repars à mon allure. On va maintenant attaquer un passage de plusieurs kilomètres sur un lac asséché. Beaucoup plus court que le lac Iriki qui j'ai eu l'occasion de traverser sur la Trans 333, mais je retrouve la même croute craquelée au sol
CP2 - 25,9 km - 13h27 GMT - 4h45 de course Protocole de ravitaillement... Je ne vous le redétaille plus maintenant ! On remonte un lit d'oued plutôt caillouteux au début et qui va s'ensabler progressivement jusqu'à une nouvelle passe qui va s'ouvrir sur une section bien sablonneuse histoire de finir de nous détruire les cuisses. Je gère ces sections uniquement aux sensations. Depuis le début de l'étape 1 je n'ai jamais regardé ma montre pendant les étapes. J'avance en me fixant comme objectif l'atteinte du CP suivant, en maintenant une bonne allure mais que j'essaye de garder confortable et sans me soucier du temps qui passe.
Arrivée km 36,7 - 16h00 GMT - 7h18 de course Et de 3 ! Passage devant la webcam pour rassurer tout le monde puis direction la traditionnelle tasse de thé, récupération des bouteilles d'eau et passage express sous le brumisateur qui a repris du service aujourd'hui Je me dirige vers notre tente où, une fois n'est pas coutume, je retrouve Lephil, Yves et Gloria en attendant l'arrivée de Steph et de Maître Guy. Protocole de récupération. Confection de l'Idrolitina, réhydratation de ma compote de pomme, toilette puis je me pose un peu. Il y a pas mal de vent aujourd'hui. Pas simple à gérer avec des tentes spéciales courant d'air. Côté physique, rien à signaler. les pieds n'ont pas bougé, je n'ai pas de douleurs particulière en dehors de celles directement liées à une grosse rando de plus de 7h00 et l'allure de marche a une fois encore montré son efficacité. Je termine 814 sur 1300 au départ ce matin ce qui reste en progression, même si elle est légère, par rapport à mon classement des jours précédents (832 sur l'étape 1 et 818 sur l'étape 2) Je profite de la phase de repos pour faire le ménage dans mon sac. Demain matin, avec désormais 3 sachets "jour" en moins, non seulement j'aurais de la place à revendre, mais en plus par rapport au départ j'aurai pratiquement 2kg de moins, ce qui pour attaquer la longue ne sera pas un luxe. Juste en face de notre tente il y a une petite colline rocheuse où on grimpé quelques hommes des sables. Plus tard, ils seront remplacés par les gardiens du bivouac.
Arrive l'heure des messages. Rien que sur les 2 premiers jours il y a eu plus de messages que sur la moitié de la course de l'an dernier. Plus de 20.000 ! Tout le monde étant rentré, certains comme Steph ayant décidé de passer la soirée à la tente des podo, je commence à préparer mon repas du soir. Aujourd'hui ce sera un peu de viande séchée qu'il me reste de mon ravitaillement de course, 20g de noix de cajou, un couscous duo (380g sec) et une semoule au chocolat. Avec tout ça j'ai voulu essayer de varier un peu, et le résultat est plutôt décevant. Clairement, le couscous àa cale, sauf qu'il n'y a pratiquement que de la semoule... Pas top, je préfère les pâtes. Pour ce qui est de la semoule au chocolat, j'ai trouvé ça juste ecoeurant. Je crois que finalement je kiffe bien l'alternance Pates carbonara - pates bolognese. Le soleil s'est couché, on se glisse progressivement dans les sacs de couchages, les odeurs de feux de bois de certaines tentes (souvenez-vous, les tentes qui arrivent les premières) remontent jusqu'à chez nous au fil des rafales de vent qui soufflent encore fort. Tout le matériel est bien rangé dans des sacs pour éviter que ça s'envole pendant la nuit. Je ne dirais pas la même chose de tous les chevaliers trailer vu le bordel ambiant que laissent trainer certains. Mais ça c'est une autre histoire. C'est parti pour une nouvelle nuit. Si l'idée de la longue ne me perturbe pas, ayant déjà fait pas mal de courses d'ultra, je sais que dans certaines tentes il y en a qui vont cogiter et avoir du mal à trouver le sommeil. Demain ce sera le juge de paix.
|